Phédon

relever ensuite, et découvrir son front par fierté et par audace. Il est enjoué, grand rieur, impatient, présomptueux, colère, libertin4, politique5, mystérieux sur les affaires du temps; il se croit des talents et de l'esprit. Il est riche.      Phédon a les yeux creux, le teint échauffé6, le corps sec et le visage maigre; il dort peu et d'un sommeil fort léger; il est abstrait7, rêveur, et il a avec de l'esprit l'air d'un stupide; il oublie de dire ce qu'il sait ou de parler d'événements qui lui

et de Phédon. Avant de clore son chapitre avec ces deux caractères mis en parallèle, La Bruyère a évoqué les retournements de fortune (aux deux sens du terme « fortune » : chance et richesse) dont sont victimes les financiers, si bien que la leçon qu’on tire du chapitre est celle qui a été donnée dans la remarque 47 : il vaut mieux être médiocre, dans un juste milieu entre pauvreté et richesse. C’est ce qu’illustre implicitement le dernier caractère double, celui de Giton et de Phédon : ses deux

la Béotie, si l’âme ne lui disait pas qu’il est plus beau et plus juste de rester attendre al mort en prison plutôt que de désobéir aux lois. Le corps en peut être sujet et en tant que sujet je en peux m’identifier à mon corps. Socrate rappelle à Phédon qui se désespère : « ce que tu ensevelis, c’est mon corps. ». C’est même en se détachant du corps que le sujet peut vraiment devenir sujet puisque le corps trouble son accès aux valeurs : tant du point de vue épistémologique (le corps est comme une

donner une idée approximative, on peut utiliser une image à la mesure de l’homme » (Phèdre, 246 a). C’est donc par un mythe que Platon esquisse 3879TEMyt160.indd 13 22/08/08 15:33:16 14 DES MYTHES AUX MYTHOLOGIES la nature de l’âme (Phédon), résout le mystère de l’amour (Phèdre) ou s’aventure dans la géographie de l’au-delà (La République). Ainsi, opposé au mythe populaire qui reflète un imaginaire ancien, le mythe philosophique, dont usent plusieurs auteurs, est un instrument de

qu’on ne lui passe. Je cède enfin et je disparais, incapable de souffrir plus longtemps Théodecte, et ceux qui le souffrent. La Bruyère, LesCaractères , VI, « Des biens de fortune » Phédon a les yeux creux, le teint échauffé, le corps sec et le visage maigre ; il dort peu, et d’un sommeil fort léger ; il est abstrait1, rêveur, et il a avec de l’esprit l’air d’un stupide : il oublie de dire ce qu’il sait, ou de parler d’événements qui

ACTE I : Une représentation à l’hôtel de Bourgogne (c’est le premier théâtre stable de Paris depuis la fin du Moyen-Age.) Scène 1 : Le public est nombreux. On attend le début du spectacle, une pastorale, où Monfleury doit jouer le rôle du berger Phédon. Le rideau se lève et Monfleury tente de déclamer sa première réplique, mais il est immédiatement interrompu par Cyrano qui lui rappelle son interdiction pour un mois et lui ordonne de s’en aller d’une façon de plus en plus menaçante. Pendant qu’il

est le reflet exact de la réalité, ou si, terrain privilégié de l’imagination, cette dernière ne la déformerait pas ? La perception a souvent été rejetée comme instrument de connaissance et de jugement, au profit de la raison. Platon notamment, dans Phédon, recommandait de « prendre ses distances » avec les données sensibles du monde : Pascal, lui, en croit la raison incapable. Parallèlement, les apparences – du latin appareo : apparaître, que l’on retrouve en grec ϕαινομενον : le phénomène –

l'apparence et l'illusion. A ce titre, il est nécessaire de le bannir de la cité, de la République. Platon pense sans doute ici aux sophistes, aux démagogues qui maîtrisent l’art du discours et qui trompent le peuple en le flattant. Certains textes (le Phédon par exemple) montrent toutefois que Platon a conscience que l’art peut nous approcher du vrai. Il y définit la musique comme l’art des muses, d’inspiration divine. (Manuel Hatier : texte 9)   L’artiste est un créateur, la thèse d’Aristote. La

j’estime qu’il faut me nourrir au Prytanée. » Et eux alors le condamnèrent à mort avec une majorité accrue de quatre-vingts voix. On le mit en prison et peu de jours après il but la ciguë après de nombreux et beaux entretiens que rapporte Platon dans le Phédon. A peine Socrate était-il mort, les Athéniens se repentirent, fermèrent les palestres et les gymnases et condamnèrent les accusateurs de Socrate, les uns à l’exil et Mélitos à mort. Ils honorèrent Socrate d’une statue de bronze, oeuvre de Lysippe

condamné à mort pour avoir corrompu la jeunesse, entre autres. La condamnation consiste à boire, la cigüe, un poison. Les amis de Socrate lui proposent de s’échapper, mais Socrate refuse et se soumet à son châtiment. Sur la mort de Socrate, voir Criton, Phédon, Apologie de Socrate. [ 3 ]. A ce propos, vous pouvez vous référer au texte d’Hannah Arendt, Eichmann à Jérusalem, dans lequel elle montre le devoir du citoyen de désobéir, dans le cadre du nazisme notamment. [ 4 ]. Voici le texte, extrait de Des