l'internet
L'école doit-elle fabriquer des internautes?
L’usage d’Internet a-t-il un intérêt à l’école ? Nul n’est capable de répondre sérieusement à cette question, parce qu’Internet en milieu scolaire ne revêt aucun intérêt tant qu’on s’en tient fermement à la conception républicaine et humaniste de l’école. A l’école, il vaut mieux étudier Shakespeare et Descartes que d’apprendre à se servir - ce dont on aura toujours le temps- des outils informatiques, que de s’exercer à naviguer sur le Web. La pauvreté d’Internet saute aux yeux, dès qu’il est comparé à la haute culture livresque : sur le Web, on ne communique pas, on échange sans se rencontrer, essentiellement des informations et des banalités, on ne se place pas à des carrefours, on circule, on longe des autoroutes et on emprunte des échangeurs.
L’illusion d’Internet : très performant dans des domaines professionnels hyperspécialisés, il devient aussi indigent que la télévision dès que, touchant le grand public, il se transforme en objet de consommation. Si la télévision est le chewing-gum de l’œil, Internet est le chewing-gum de l’esprit. Tout se passe comme si, à l’image des supermarchés, des halls d’aéroports, des fast-foods, des voies rapides, des rocades et autres périphériques, Internet était un de ces non-lieux hypercontemporains naguère mis en évidence par Marc Augé, un de ces endroits de transit maximum et de lien social et politique minimum.
A l’école, l’élève doit réserver son temps (école provient du mot grec scholé qui signifie loisir) pour entrer en contact avec ce monde de l’esprit (le monde des œuvres) dont il ne sera généralement plus jamais question dans sa vie d’adulte, pas plus au bureau qu’à l’usine ou au supermarché, sur le lieu de travail qu’autour du stade ou devant l’écran de télévision : la pensée, la philosophie, la poésie, le roman, le théâtre, la peinture, bref la gratuité de l’exercice de l’intelligence.
Que l’on accorde à l’enfant et à l’adolescent le droit