De retour aux Etats-Unis, Shirin Neshat réalisa en 1993 ses premières photographies intitulées Unveiling (Dévoilement) qui interrogent le statut de la femme dans les sociétés islamiques contemporaines. Elle poursuivit son exploration jusqu’en 1997 avec Women of Allah (Femmes de Dieu), en s’intéressant plus particulièrement au concept de martyr. Dans ces œuvres, couvertes d’un tchador qui ne laisse entrevoir que leurs mains, leurs pieds ou quelques fois leur visage, Shirin Neshat et ses modèles brandissent les armes de ces guerrières fanatiques dont l’amour viscéral qui les unit à Allah les pousse à commettre un acte de haine. En inscrivant sur les tirages de ses photographies des poèmes en calligraphies farsi (9), Shirin Neshat fixe sur leur peau les préceptes qui sont ancrés en elles, comme sur les pages d’un livre. Les messages qu'elles incarnent ainsi sont ceux des poèmes d’amour de la poétesse féministe Forough Farrokhzad et des textes fondamentalistes d’une des porte-parole de la République Islamique Tahereh Saffarzadeh, révélant ainsi cette terrible dualité qui les anime(10). La force expressive des contrastes et la beauté de l’image, mises au service d’un sujet si dérangeant, font naître en nous un mélange de fascination et de rejet, de contemplation et d’interrogation. En prenant ainsi à partie le spectateur, Shirin Neshat est parvenue à réinterpréter à sa manière ce lien particulier qui unit image et calligraphie, comme l'ont fait tant d'artistes, à l’instar de Bahman Jalali (11) qui est considéré comme l’un des plus grands maîtres de la photographie en Iran. En choisissant la méthode du photomontage dans sa série Image des imaginations (2003-2006) Jalali recompose des souvenirs et transcrit des impressions laissés par toutes les photographies qui ont marqué son imaginaire d’artiste. En leur offrant une seconde vie, Jalali rend hommage à ces images en leur donnant à nouveau la possibilité « de communiquer avec l’extérieur »(12). Dans l’œuvre