Résumé farrago
« Soudain, une étoile filante a traversé le ciel. « Je souhaite avoir un destin, j’ai murmuré. Je souhaite vivre une histoire qui fasse de ma vie un destin. »
L’homme qui chuchote ainsi dans la nuit se nomme Homer Idlewilde. Vagabond établi, bon à rien exemplaire, éternel ahuri, il se promène jour après jour d’un bout à l’autre du comté de Farrago, petite bourgade de la Californie du Nord perdue dans les collines et qui, selon l’adage, se flatte d’avoir toujours trente ans de retard sur les événements. Nous sommes en 1973, les B-52 pilonnent Hanoi, les astronautes sont sur la lune, mais les Farragoans demeurent fidèles à l’hymne de leurs ancêtres… Far away, long agoFarrago…
A cette autre face de l’Amérique, retirée, laborieuse, dérisoire, mais également contemplative, mystique, indomptable, dont l’ardeur conquérante, achoppant à l’Océan Pacifique, s’est réfugiée dans les cœurs, l’animant d’une attente sans objet et de rêveries sauvages. Cette Amérique native et détraquée, c’est celle de Homer et des êtres qui peuplent sa vie : Elijah le taciturne, qui songe depuis vingt-ans à ouvrir une forge et ne quitte jamais son tabouret ; Duke, l’illuminé du dépotoir, borgne et voyant, roi des pancakes et amoureux des montagnes ; Fausto, l’épicier au passé obscur, ascète et érudit, sage parmi les sages ; Ophelia, fille farouche du bordel aux aspirations hollywoodiennes ; le Révérend Poach, prêtre vieillissant en mal d’inspiration divine. Homer, avant cette nuit fatidique où sa condition de pauvre cloche à la dérive lui est révélée, s’est contenté de tuer le temps dans un présent perpétuel, passant d’une vie à l’autre, du lupanar à l’épicerie, de la bicoque d’Elijah à la décharge municipale, sans jamais s’interroger sur sa propre existence. Dans un éclair de lucidité, il réalise soudain ce qu’il désire plus que tout, à l’image de Fausto, qui vient de lui révéler son passé, mais aussi bien de Duke, le saint du dépotoir, ou de Sitting Bull, le