Port de mer au soleil couchant. histoire.
Une fois sur le quai, j'ai bien vu que loin de se calmer, son humeur devenait exécrable car il ne cessait de tourner en rond, en ôtant son chapeau sans arrêt puis en le remettant derechef comme s'il s'apprêtait à saluer toutes les personnes qui déambulaient sur le port à cette heure tardive.
Puis, tandis que le soleil allait se jeter à l'eau, tout rouge comme la figure exaspérée de mon maître, un grand navire a fait son apparition au loin et j'ai compris alors les raisons qui rendaient furieux mon maître. Car tout soudain, il a cessé de s'agiter comme diable hors de sa boîte, il a remis son chapeau bien en place et son oeil s'est apaisé. Bien sûr, c'était l'impatience qui le taraudait, la peur peut-être qui lui dévorait les entrailles, la crainte de quelque malheur qui aurait pu emporter ce grand navire au fond de l'océan redoutable et dans ce naufrage, sa belle promise.
Tandis qu'on s'agite autour de nous à l'approche du majestueux voilier, tandis que moult petites barques quittent les quais pour aller l'accueillir, voilà que mon maître est devenu le plus calme des hommes, qu'il ne bouge pas plus qu'une statue de marbre et que son oeil devient humide et rieur à la fois. C'est un autre homme que voilà, et si ce n'était la douleur qui me reste encore dans la jambe meurtrie, j'ai du mal à concevoir qu'il s'agisse du même homme qui s'est vengé sur moi, quelques moments auparavant, de sa secrète