Perle des eaux
I.Histoire
Tous les chats détestent l'eau. Aussi incroyable que cela puisse paraître, pas moi. Je suis tombée à l'eau quand j'étais une apprentie. Je devais avoir... sept, huit lunes ? Sûrement pas moins. Certainement pas plus. C’était une mare, une petite mare peu profonde, mais assez pour que le risque de noyade existe. Evidemment qu’il existait. Le risque zéro n’existe pas. C’est une des premières lois qu’il faut apprendre pour survivre. Je suis tombée dedans, plouf, comme ça, je n’ai même pas eu le temps de m’en apercevoir. C’est drôle, comme certaines choses se passent vite. Tellement vite qu’on voudrait pouvoir remonter le temps pour pouvoir les revivre ou les regarder à l’infini. Mais on ne peut pas. Alors il faut profiter de chaque instant de la vie, parce qu’on ne sait jamais quel moment on aura envie de revivre.
Toujours est-il que je suis tombée dans l’eau. La sensation que j’ai éprouvée à cet instant, je m’en rappellerai toute ma vie, par contre. Tous vos sens sont chamboulés, vous ne reconnaissez rien, vous ne savez pas où vous êtes, vous n’avez rien auquel vous raccrocher. Vous êtes prisonnier d’un univers glauque, sombre et froid. Si j’avais pu prendre de l’air avant d’être engloutie, si j’avais su que la berge était aussi glissante, si j’avais compris qu’il ne fallait pas me débattre mais rester tranquille pour pouvoir remonter, si… Mais ce n’est pas avec des si qu’on avance. La vie n’est qu’un vaste champ de si. On en devient dépendant, au bout d’un moment, des si.
Et puis l’air vous vient à manquer. On arrête de se débattre, on se laisse emporter vers le fond, c’est presque un soulagement, en fait. On ne désire plus qu’une chose : en finir. C’est agréable, cette sensation de douceur et de flottement. On prend conscience qu’on va mourir. Définitivement. Parce que la mort prend beaucoup mais ne donne et ne rend que très peu. Au seuil de la mort, on se débat, on se reprend, mais c’est trop tard. Quand on prend conscience de