manoukian
Période : XX°
Problématique : L’œuvre d'art et la mémoire : inscription dans la mémoire collective. Comment une lettre privée est devenue œuvre de mémoire ?
Contexte : La lettre de Michel (ou Missak) Manouchian à son épouse Mélinée a été écrite le 21 février 1944 à la prison de Fresnes, quelques heures avant qu’il soit fusillé à 37 ans, au fort du Mont Valérien.
Manouchian, né en Arménie, orphelin, avait été élevé dans un orphelinat du protectorat français de Syrie ; il est arrivé en France à 19 ans. Écrivain (des poèmes), il a fondé 2 revues littéraires, a traduit des auteurs français en arménien (Baudelaire, Verlaine et Rimbaud)
Militant communiste (responsable de la section arménienne de la M.O.I.), et résistant (commissaire militaire des FTP-M.O.I.), il est chef d'un groupe de résistants. Arrêté par la police française le 16 novembre 1943, il est condamné à mort, et exécuté, avec 22 membres de son groupe, le 21 février 1944
Le 21 février 1944
Ma chère Mélinée, ma petite orpheline bien-aimée,
Dans quelques heures, je ne serai plus de ce monde. Nous allons être fusillés cet après-midi à 15 heures. Cela m'arrive comme un accident dans ma vie, je n'y crois pas mais pourtant je sais que je ne te verrai plus jamais. Que puis-je t'écrire ? Tout est confus en moi et bien clair en même temps.
Je m'étais engagé dans l'Armée de Libération en soldat volontaire et je meurs à deux doigts de la Victoire et du but. Bonheur à ceux qui vont nous survivre et goûter la douceur de la Liberté et de la Paix de demain.
Je suis sûr que le peuple français et tous les combattants de la Liberté sauront honorer notre mémoire dignement.
Au moment de mourir, je proclame que je n'ai aucune haine contre le peuple allemand et contre qui que ce soit, chacun aura ce qu'il méritera comme châtiment et comme récompense. Le peuple allemand et tous les autres peuples vivront en paix et en fraternité après la