La nature
Or, cette question paraît faire écho à un avis commun selon lequel, lorsque nous observons le monde naturel, nous sommes portés à en admirer la structure et l’existence, et nous dire : « c’est drôlement bien fait ». Autrement dit, notre expérience des choses naturelles nous porte à y voir une forme d’harmonie qui nous pousse à penser que la nature résulterait d’une intelligence, d’une forme de travail de fabrication dont l’auteur serait particulièrement ingénieux. Nous nous trouvons donc devant un constat relevant de l’anthropomorphisme puisque nous attribuons le monde à un auteur (Dieu comme architecte ou encore une puissance naturelle non divine) qui serait un auteur intelligent qui n’a rien fait au hasard (on dit d’ailleurs que la nature "ne fait rien en vain" et Einstein lui-même a dit que "Dieu ne joue pas aux dés"). Pourtant, paradoxalement, nous avons conscience que nous n’avons aucune preuve de l’existence de cet auteur, et que la valeur de ce qui est naturel n’est pas tant une valeur objective qu’une valeur subjective, relative à notre façon de comprendre les choses et de les juger. La question se pose ainsi de savoir s’il est juste de produire un tel raisonnement, c’est-à-dire si nous avons le droit et si cela peut avoir une