la courbe de tes yeux paul eluard
Commentaire : « La courbe de tes yeux », Paul ELUARD
A la fois novatrice et traditionnelle, la poésie lyrique du début du XXe, dans son surréalisme absorbant, emporte ses lecteurs dans un monde de rêves, de révoltes et de passions amoureuses, notamment pour la femme, comme c’est le cas dans « La courbe de tes yeux » d’Eluard. Suivi d’une éducation impressionnante, Eugène Grindel, alias Paul Eluard, connaît un succès foudroyant. S’étant inspiré de son épouse, Gala, qui le quitta par suite pour Dali, il se sert de sa plume afin de transfigurer ses sentiments fous pour cette femme. Ainsi nous montre ce blason cet amour vital, où Grindel fait le projet de la célébration des yeux de la femme qu’il aime pour dépeindre son rôle protecteur, cosmique et démiurgique dans un lyrisme ambivalent. Or comment cette célébration réunit-elle tradition et modernité ? À travers ces trois quintils, nous verrons que non seulement nous avons entre nos mains une œuvre lyrique entre tradition et contemporanéité, dans sa forme régulière, sa versification libre et ses jeux de sonorités..., elle dévoile aussi le rejaillissement omnipotent de la femme sur le monde à travers ses yeux.
Cette forme régulière lyrique, qui fait l’éloge d’un détail physique de la femme particulièrement, se développe à la Renaissance, mais réapparaît en vogue au XXe renouvelée par une touche de surréalisme qu’ainsi exprime Eluard. Tout d’abord, étudions le côté traditionnel et rituel de ce poème lyrique.
Comme l’annonce le titre, ce poème porte autour de la courbe des yeux de Gala, qui est source de vie pour le poète. Le champ lexical connotative de la courbe du regard et des yeux en fait preuve : « un rond de danse et de douceur » (v. 2) ; « auréole », « berceau » (v. 3) ; « feuilles », « mousse de rosée » (v. 6) ; « roseaux » ; « ailes » (v. 8) ; « bateaux » (v. 9), « chasseurs des bruits et