Effets de la flexibilité du travail sur l'emploi
En près de 30 ans, le chômage de masse s’est durablement installé en Europe : en 2010, sous l’effet de la brutale crise économique venue des Etats-Unis d’Amérique, le taux de chômage harmonisé au sein de l’Union Européenne à 27 a fortement augmenté pour atteindre près de 10% de la population active.
En effet, depuis les années 1980, les politiques de l’emploi, inspirées des travaux des économistes libéraux, sont articulées autour d’un principe cardinal : la flexibilisation du marché du travail. Les différents types de flexibilité consistent pour les entreprises en l’adaptation rapide du facteur travail aux fluctuations de la demande. L’organisation de coopération et de développement économique (OCDE) s’est fait l’un des principaux véhicules de ces idées à l’échelle internationale, en produisant et en diffusant des expertises sensées justifier l’intérêt de telles politiques en termes de lutte contre le chômage. Dans ce cadre, la situation durable de quasi plein emploi des économies américaine et britannique, très flexible, sert ainsi de modèle aux mauvais élèves trop rigides. En contradiction avec cela, les études empiriques qui comparent différents pays convergent pour montrer qu’un lien de causalité direct entre niveau de flexibilité et taux de chômage est impossible à démontrer. Comment expliquer alors cet apparent paradoxe ? Quels sont les différents effets de la flexibilité sur la fixation du niveau d’emploi ?
Dans une première partie, nous expliquerons en quoi la flexibilité peut avoir des effets sur l’emploi. Ensuite, dans une seconde partie, nous nuancerons ce point de vue en montrant que dans une optique keynésienne, les effets de la flexibilisation du marché du travail sont potentiellement contreproductifs en termes de réduction du chômage.
I-La flexibilité du travail favorise l’emploi …