L'impuissance de la puissance militaire
Professeur des Universités à l’Institut d’études politiques (IEP) de Paris, auteur de La diplomatie des droits de l’homme : entre éthique et volonté de puissance (Paris, Fayard, 2002), Bertrand Badie analyse dans son dernier ouvrage la perte de pertinence du concept de puissance dans le système international post-guerre froide et l’illusion qui consiste à tenter de préserver cette dernière à tout prix.
Ainsi, selon l’auteur, privés d’adversaire à leur mesure, les États-Unis ont cru pouvoir inventer de nouveaux ennemis et prolonger un ordre international qui consacrait leur primauté. Ils se sont heurtés à l’émergence d’une nouvelle violence sociale internationale, nourrie de l’exclusion, de la privation et de l’anomie et contre laquelle les outils traditionnels de puissance sont inopérants. Tandis que le géant cherchait à ramener la puissance sur la scène des États, tout en s’affranchissant des alliances contraignantes, les puissances moyennes et un long cortège d’États « en panne », issus notamment de la prolifération étatique qui a marqué la fin de la guerre froide, se sont détachés de la logique clientéliste qui