Tous les hommes désirent-ils connaître ?
C’est en mangeant le fruit de l’arbre de la connaissance du Bien et du Mal qu’Adam et Eve ont, au commencement, libéré le désir de connaissance. Or si la connaissance est cueillette, alors elle est action, et peut donc se retrouver dans le langage : connaître, selon le geste inaugural, revient à nommer l’objet en l’appréhendant dans sa vérité pure pour pouvoir, d’une certaine manière, le porter à l’être. Si le désir est traditionnellement une envie due à la perception d’un manque, il s’agit d’interroger la nature du désir de connaissance chez les hommes et de se demander si c’est le propre de l’homme que de connaître ou si au contraire la connaissance est particulière. Il conviendra d’affirmer que, si tous les hommes désirent connaître, tous ne désirent pas connaître de la même façon, et ce désir doit être entretenu. « Tous les hommes désirent naturellement savoir » (savoir doit être compris comme connaître au sens vulgaire, ou savoir dans un sens général) -ainsi Aristote ouvre-t-il sa Métaphysique. Il démontre que l’on va trouver un désir de savoir dès qu’il y a de la perception minimale sensible, et ce en faisant valoir l’argument du plaisir : l’on prend du plaisir à sentir (la sensation étant orientée vers son objet), et cette première activité de la connaissance primaire est toujours accompagnée d’un plaisir (l’on peut parfois voir pour le seul plaisir de voir) qui peut de surcroît être compris comme le désir de savoir. L’on peut voir les choses en tant qu’elles vont nous permettre d’avoir des renseignements sur elles-mêmes comme l’on peut désirer la chose pour ce qu’elle nous apporte de connaissance au-delà de ce qui nous est utile. Il est alors possible de voir en la connaissance l’une des ultimes finalités de l’humain, qui selon le Philosophe Inconnu dans De l’esprit des choses est « à la recherche d’une clarté totale, que rien ne puisse voiler ni éteindre ». Se pose alors l’idée d’une vocation, d’un désir de