Taylorisme et sociologie
Frédéric de Coninck (*)
L’étude de Frédéric de Conink que publiait Travail et Emploi en 1991 (n° 49) décelait, au sein de nouvelles formes d'organisation du travail, différents clivages sociaux : importance d'une nouvelle génération de salariés de moins de quarante ans susceptibles de nouveaux comportements, renforcement de la division sexuelle du travail par le développement d'une marge de manœuvre dans l'exécution des tâches, clivage non tant au sein d'une entreprise que d'une entreprise à l'autre, notamment du fait de l'importance des évolutions technologiques. Ce nouveau modèle post-taylorien émergent reposait sur des tendances multiples qui n'avaient pas encore trouvé leur cohérence. 15 ans plus tard, ces évolutions se sont généralisées à la plupart des situations de travail, mais le sens que leur donne l'auteur n'est plus le même. Le souci de l'organisation du travail s'estompe devant l'efficacité des actions à court terme et la réponse aux clients. Des évolutions apparues il y a vingt ans comme des ouvertures - polyvalence, communication entre les salariés - sont perçues aujourd'hui comme des sources d'effritement et de fragilisation des organisations. La question des clivages sociaux entre catégories sociales est passée au second plan : l'emporte le sentiment d'isolement et de malaise chez les salariés, sur qui se reportent les risques inhérents à l'entreprise. L'évolution du travail aujourd'hui est-il le fruit de stratégies des directions d'entreprise, ou celui de mutations d'une ampleur incontrôlable ?
L’article que nous avons publié dans Travail et Emploi, en 1991, s’appuyait sur les résultats de la première enquête sur la Technique et l’organisation du travail (dite enquête TOTTO) de 1987. Il s’inscrivait, également, dans un contexte historique particulier, celui de la fin des années 1980 où des pratiques organisationnelles qui tournaient ouvertement