Reconstruction futuriste de l'univers
Camille Dumoulié
Le futurisme est présenté dès l’introduction du colloque comme une utopie à vocation universelle, qui a pour but de transformer le monde, au quotidien. La question majeure qui est soulevée est de savoir si le futurisme prévoit une nouvelle identité sexuelle. À côté de l’homme nouveau, qui est présenté dans les manifestes futuristes, existe-il une femme nouvelle ?
Le manifeste de fondation du futurisme « glorifie la guerre et le mépris de la femme ». Cela paraît étrange car cela semble incarner des valeurs passéistes que le futurisme affirme combattre. Pourquoi un manifeste fondateur « méprise » t-il ? Il semble s’agir d’une forme de provocation, d’appel à la violence pour faire renaître un homme du futur, un surhomme qui incarnerait une perfection mécanique. La femme est présentée comme le contrepoint des valeurs futuristes. L’ homme futuriste cherche à se libérer des sentiments, des émotions féminines, il remplace la beauté de la femme par la beauté des machines. Selon Marinetti (Le futurisme, 1911), l’amour empêche l’homme de multiplier sa puissance. Seule compte la perpétuation de l’espèce.
En réalité la position des futuristes par rapport a la femme est ambigüe, les divers manifestes adoptent souvent des positions opposées, et beaucoup sont en réalité dominés par la peur. Selon Strinberg, dans la guerre des sexes, la femme est la plus susceptible de gagner. Finalement comme le souligne M. Dumoulié, la confusion domine, les futuristes n’ont pas pensé le rôle de la femme, elle n’a pas sa place dans leur utopie.
Etude de cas : Le manifeste de la femme futuriste de Valentine de Saint-Point
Dans ce manifeste, Valentine de Saint-Point présente la femme selon le modèle d’une femme amazone, féroce, égoïste, vengeresse. La femme possède un pouvoir, celui d’enfanter, et c’est en tant que mère qu’elle acquiert une véritable force.
M. Dumoulié