Oulhamr Le Fort 1
Comme le soleil se levait et ocrait de ses rayons rasants la falaise de craie blanche dont les surplombs protégeaient les huttes et les tentes de la tribu ; Oulhamr le fort sortit de sous la couverture de peau et de fourrure qui le protégeait de l’humidité du matin, et, encore endormi, descendit lentement vers la rivière qui coulait paisiblement au pied de la muraille calcaire.
Il se sentait confusément préoccupé depuis quelques jours. Lui, le meilleur chasseur du clan, chef des autres chasseurs, lui dont dépendait toute la tribu pour son approvisionnement en viande de mammouth avait été invité par le vieux chef Aran le borgne et par Houduk le chaman à participer, au soleil couchant, à une cérémonie dans la grotte sanctuaire ornée de peintures sacrées…
C’est que la situation devenait critique. Si, depuis son initiation et les rites de son passage à l’âge adulte, il était devenu le plus grand chasseur de mammouths de la tribu, les choses changeaient… Il voyait bien que les mammouths devenaient plus rares, que le printemps de plus en plus précoce les faisait rester plus loin, dans la direction ou le soleil ne va jamais. Et, de plus en plus, les rares animaux qui passaient encore à proximité de la falaise étaient, avant même qu’il ait eu le temps de rassembler son groupe de 5 chasseurs et de les prendre en chasse, abattus par les tribus de petits hommes venus du nord. Leur technique de chasse était bien plus efficace et rapide que celle de son clan. Alors que lui et ses hommes passaient plusieurs jours à creuser une fosse vers laquelle ils essayaient de pousser l’animal puis ensuite de l’abattre, les autres se contentaient de rabattre les bêtes vers les marais, d’attendre qu’ils s’embourbent puis de les achever et de récupérer ce qu’ils pouvaient de viande. Certes une bonne partie de la chair était perdue, noyée dans la tourbe, mais cette perte était largement compensée par le plus grand nombre d’animaux