plutarque et le vegetarisme
Quel homme se portera jamais à en blesser un autre lorsqu'il se sera accoutumé à ménager, à traiter avec bonté les animaux?
A la question posée par un interlocuteur fictif: "Pour quelle raison Pythagore s'abstenait-il de manger de la chair de bête?" Plutarque répond par une question qui lui semble bien plus essentielle : "Quel motif eut celui qui, le premier, consomma de la viande?". C'est là le point de départ d'une série d'arguments visant à défendre le végétarisme. Le plus connu se rattache évidemment à la religion des Pythagoriciens et surtout des Néo-pythagoriciens qui étaient nombreux au premier siècle de notre ère. Selon la doctrine de la métempsychose, les Ames des défunts passaient indifféremment des corps des hommes dans ceux des bêtes, et des corps des bêtes dans ceux des hommes.
Plutarque ne semble pas être un adepte convaincu de cette doctrine, mais sa sympathie à son égard est fort claire : "Quoique la doctrine du passage des Ames en divers corps ne soit pas démontrée, le doute seul ne doit-il pas nous imposer la plus grande réserve et la plus grande crainte?" .
Toutefois, l’ argumentation rationnelle est pour Plutarque d'un intérêt capital. Au fond, les deux discours Sur l’usage des viandespeuvent se résumer en ces quelques mots : manger de la chair de bête est contre nature.
"La conformation du corps humain ne ressemble à celle d'aucun des animaux carnivores. L'homme n'a ni un bec crochu ni des griffes ou des serres, ni des dents tranchantes ; son estomac n'est pas assez fort ni ses viscères assez chauds pour digérer et assimiler une nourriture aussi pesante que la chair des animaux. Au contraire, la nature en nous donnant des dents unies, une bouche étroite, une langue molle et des viscères trop faibles pour la digestion, interdit la consommation de viande. Mais si vous vous obstinez, à soutenir que la nature vous a faits pour manger la chair des animaux, égorgez-les donc