Lettre persanes
Les Lettres Persanes sont un court roman, paru en 1721 à Amsterdam, sans nom d’auteur, mais on y a bien vite reconnu la plume de Montesquieu, soucieux de ne pas compromettre sa carrière de magistrat par cet ouvrage aux apparences frivoles, voire licencieuses, mais au contenu bien plus subversif. L’auteur profite de la mode du roman épistolaire en imaginant deux Persans qui voyagent en Europe et échangent à travers leurs missives étonnement et critiques devant le fonctionnement de nos sociétés. Mais les Lettres Persanes relèvent également du goût pour l’orientalisme : Usbek, un des Persans, reçoit périodiquement des nouvelles d’Ispahan qui l’avisent d’une révolte des femmes de son sérail : si cette intrigue secondaire confère à l’ouvrage beaucoup de son piment exotique, c’est surtout l’occasion pour Montesquieu de s’interroger sur la condition féminine et de souligner les contradictions entre les théories progressistes d’Usbek qui doivent beaucoup à l’esprit des Lumières et son comportement parfaitement obscurantiste et rétrograde dans son palais où il se conduit en despote sanguinaire régnant sur un peuple d’esclaves – ainsi écrit-il à l’un des chefs du sérail : « si vous vous écartez de votre devoir, je regarderai votre vie comme celle des insectes que je trouve sous mes pieds » (lettre 21). Les dernières lettres du livre nous font assister à un véritable bain de sang dans le sérail dont la plus belle figure est celle de Roxane la favorite, modèle de vertu. Dans cette dernière