Les pauvres
Georg Simmel
. Les notions fondamentales de droit et devoir.
← Le droit du receveur
L’individu qui vit dans une société a de multiples droits, mais également de nombreuses obligations à respecter. Et dans la mesure où chaque personne ayant une obligation possède également des droits, on peut considérer la société comme une interaction d’ayants droit moraux, juridiques ou conventionnels. Dans la société moderne il semblerait que les devoirs sont avant tout des devoirs envers nous-mêmes et nous-mêmes seulement. Nous sommes donc seuls responsables de la moralité de nos actes, et uniquement pour le meilleur de nous-mêmes, pour notre propre estime.
Dès lors, nos obligations envers les pauvres peuvent être considérées comme simple réponse à l’exercice du droit des pauvres. Ainsi, dans un pays où mendier est d’usage, le refus de la charité à un pauvre peut être perçu comme le rejet d’un attribut qui lui est dû. De plus, à partir du moment où le pauvre considère qu’il ne fait qu’exercer un droit acquis, il lui est plus facile de demander et d’accepter la charité. Georg Simmel appelle cela le « motif humanitaire ». Le droit à la charité appartient donc à la même catégorie que le droit au travail ou encore le droit à la vie. Mais le rapport des individus face à ce droit dépend de différences sociologiques. « Si un pauvre perçoit sa condition comme étant une injustice d’ordre cosmiques et demande que la création entière lui rende son dû […] alors il considérera tout individu se trouvant dans de meilleures conditions comme étant responsables de ses revendications sociales. A l’inverse le mendiant peut également demander la charité non pas à un individu en particulier, mais à l’ensemble des individus dans le cadre de la solidarité humaine.
← L’obligation du donneur
Ici, l’existence même du pauvre est remise en question, et l’importance du don réside essentiellement dans la signification qu’il prend pour le donneur. Ainsi dans