“Le tartuffe” : lecture analytique, acte iv, scène 5
Molière est un auteur reconnu et apprécié du roi Louis XIV quand, à l'occasion d'une fête à Versailles, il fait jouer, en 1664, sa comédie, Le Tartuffe. Mais le royaume est alors divisé autour des questions religieuses et le parti des dévots est puissant. Ils s'indignent face à la pièce, et leur cabale oblige le Roi à la faire interdire. Sa représentation ne sera autorisée qu'en 1669 après qu'elle aura été plusieurs fois remaniée.
Présentation du texte : Les 2 premiers actes nous ont présenté la perturbation introduite dans la famille d'Orgon par Tartuffe, que Mariane doit épouser contre son gré. L'arrivée de Tartuffe à l'acte III révèle son “imposture” : ce dévot tente de séduire Elmire. Surpris et dénoncé par Damis à Orgon, celui-ci préfère croire Tartuffe, et il chasse son fils. Le seul moyen restant pour le convaincre est qu'il découvre lui-même la vérité. Elmire le cache alors sous la table pour qu'il assiste à la conversation. === L'imposture de Tartuffe sera-t-elle révélée?
LA MISE EN SCENE DU DEVOILEMENT
Nous sommes dans une scène traditionnelle dans la comédie : un mari, caché, assiste à la tromperie de sa femme. Cependant ici ce n'est pas la femme qui trompe, mais Tartuffe, et le mari est complice de la situation.
Le trompeur trompé une scène de séduction A priori cette situation d'énonciation rend la scène comique : Orgon est certes caché, mais la mise en scène peut l'amener à se faire voir du public par instants. Le rire vient du sentiment de supériorité du public : il sait ce que Tartuffe ignore. Il comprendra alors la double énonciation des répliques d'Elmire. Elles sont à la fois destinées à Tartuffe, pour lui faire croire à sa sincérité et l'amener ainsi à se dévoiler, mais aussi à Orgon, pour qu'il mesure l'hypocrisie de Tartuffe : les vers 1479-1480 soulignent l'opposition à la rime entre la réalité du désir coupable(”vous voulez”) et l'apparence de la dévotion (”vous parlez”).
Ce double jeu apparaît nettement