Le libertinage
Libertinage, courant de pensée né en France au XVIIe siècle et qui s'épanouit durant tout le XVIIIe siècle, se manifestant dans les mœurs comme dans la pensée par la revendication d'une liberté accrue. Un libertinage savant se développa d'abord entre 1610 et 1660, en réaction contre l'austérité et le pouvoir des religions révélées. Les libertins de ce temps étaient avant tout des philosophes, des scientifiques, des érudits, des esprits ouverts et curieux, désireux de voir régner une plus grande liberté de pensée, notamment en matière de religion. Les plus importants de ces penseurs furent Gassendi, Gabriel Naudé, La Mothe Le Vayer et plus tard Cyrano de Bergerac. Gassendi, philosophe épicurien, se trouva même à l'origine d'un courant de pensée qui porte son nom, le gassendisme, prônant une recherche raisonnée de la vérité, non en appliquant sur les faits et les choses des principes préétablis, mais en tenant compte de la réalité dans sa diversité. Ces auteurs se montrèrent prudents dans leurs discours et dans leur attitude : qu'ils fussent épicuriens, rationalistes, hostiles au pape, athées ou seulement critiques à l'égard de l'Église catholique, ils n'exposaient pas directement le fond de leur pensée, pour échapper à la censure et à la répression. Ce libertinage savant, si discret fût-il, fut sans doute le plus efficace à ébranler les habitudes de pensée et les croyances officielles. À certaines périodes du siècle, le pouvoir des dévots se fit pourtant moindre (au début du règne de Louis XIII, au début de celui de Louis XIV) : le libertinage, représenté notamment par Théophile de Viau, Saint-Évremond ou Charles Sorel, auteur d'une Histoire comique de Francion à la verve gaillarde, se fit alors plus audacieux et plus visible socialement, annonçant par là le courant libertin du siècle suivant. À partir de la régence qui succéda au règne de Louis XIV, le libertinage de mœurs connut un essor important, alors que les Lumières