Le chlordécone en guadeloupe
Le chlordécone, insecticide du charançon du bananier
Josette Fournier e 22 septembre dernier, Le Monde faisait état d’un rapport alarmiste du cancérologue Dominique Belpomme sur la nocivité d’un insecticide du bananier utilisé aux Antilles jusqu’en 1993, annonçant un « désastre économique et sanitaire ». Le 9 novembre, selon le même journal, le cancérologue admettait des « inexactitudes dans les détails » de son rapport. « Mais, disait-il, le message de fond reste pertinent. » Relayé par les uns, malvenu pour les autres, convaincu de conclusions hâtives insuffisamment informées, ce rapport aura focalisé l’attention sur la nécessité de procéder à des analyses de résidus dans l’environnement et pas seulement dans les fruits consommés, et à des enquêtes épidémiologiques pour fonder ou infirmer des hypothèses sanitaires. L’objet de cet article est de présenter succinctement la chimie de ce produit. Le lecteur intéressé par les problèmes posés par l’usage du chlordécone en Martinique pourra se reporter au dossier paru dans Phytoma [1]. Le chlordécone incriminé est un insecticide de la famille des cyclodiènes (organochlorés) de formule moléculaire C10Cl10O. On le trouve dans la littérature sous différentes nomenclatures : décachloropentacyclo[5.3.0.02,6.03,9.04,8]décan-5-one ; décachloropentacyclo[5.2.1.02,6.03,9.05,8]décan-4-one ou décachloropentacyclo[5.2.1.02,6.03,9.05,8]décanone-4 ; décachlorooctahydro-1,3,4-méthéno-2H-cyclobuta-[c,d]-pentalèn-2-one. La plupart des organochlorés ont été retirés du marché, à cause de leur rémanence, parfois à cause de leur toxicité, de leur manque de sélectivité ou parce que n’étant plus protégés par un brevet, ils n’étaient plus soutenus par aucun fabricant. Le chlordécone a été synthétisé en 1951 par Gilbert et Giolito et breveté comme insecticide [2], sa formule n’a été reconnue qu’en 19561958 [3]. Il a été introduit en 1958 par Allied Chemical Corporation sous le nom de code GC-1189, puis