La perte de mamani
Je me souviens comme ci cela datai d’hier mon premier jour d’étude juste après la perte effroyable de ma grande mère. Je ne m’y étais pas rendu depuis un beau temps. Je m’avançais, d’un pas mal assuré, vacillante (tremblante émue) de temps en temps, prête à m’étaler de long en large. Rien n’avait changé. Devant moi, l’immense porte qui donnait sur le bâtiment me semblait plus imposante ce jour-là. Des étudiants se poursuivaient, venaient des quatre coins de la porte tout en se pourchassant. Rien n’avait changé, mis à part moi. J’avais mûrie, la douleur et la souffrance m’avaient durcie. J’avais tout saisi, tout compris. Du moins, je le croyais. J’ai connu la mort, je l’ai frôlé (côtoyé) de près. J’ai connu la déchirure, ce que c’était un être cher. Une mami. Source intarissable de joie, de douceur, de murmures, d’amour… Ma source à moi s’était éteinte. La vie m’en avait fait profiter quelques années, avant de me l’enlever de manière aussi brutale que radicale. J’ai saisi l’injustice de cette vie-là. La solitude inopinée. Plus personne pour me raconter des histoires et me servir des morales. J’avais mal, la pierre qui me pesait lourd sur le cœur devenait de moins en moins supportable, je sentais qu’j allait m’exploser la cage thoracique, je m’étouffais. Un douloureux vertige me saisit, et je ne fus pas loin de m’écrouler. Une amie accourut pour m’épauler. Et c’est à ce moment-là précis que j’ai pu donné libre court à mes larmes. Et voilà, qu’à nouveaux précises, confondues, tour à tour douces et torturantes, les images de mamani défilaient devant moi.
Ce jour-là, je me suis sentie différente. Fragile, vulnérable… La perte de mamani a engendré en moi le mépris dans ma vie. Ce jour-là, j’ai su que je n’étais pas qu’une simple jeune fille, je suis devenue une autre personne, un chat échaudé…