La grande delegation
Richard Déry HEC Montréal
Chaleureux, amical et profondément humain, M. Tremblay est un gestionnaire respecté de ses collègues et tous ses collaborateurs l’adorent. Récemment, l’organisation a pris le «virage de la responsabilisation des gestionnaires et des employés par la délégation des tâches». Selon la directrice générale : «Ce virage s’impose, car pour composer avec la complexité sans cesse croissante du monde contemporain, il faut être flexible et nous ne pouvons l’être que si tous se sentent concernés et ils ne le seront que s’ils ont des responsabilités à assumer et l’autorité nécessaire pour les mener à bon port. Il est donc fini le temps de jadis et de naguère, ce temps d’alors où, nous, les dirigeants au sommet, avions toute l’autorité et toutes les responsabilités. Il nous faut, plus que jamais, partager notre autorité et nos responsabilités. L’avenir passe forcément par une responsabilisation de chacun. Tous doivent avoir à cœur le succès de l’organisation et chacun doit donc avoir un rôle qui permette d’y contribuer. Il n’y a pas moyen d’y échapper, l’avenir est à la responsabilisation de chacun des membres de l’organisation». Pour que son comité de direction saisisse bien le message et l’urgence d’agir, la directrice générale a même fait de la délégation sa priorité annuelle: «Tous seront évalués sur leur capacité à déléguer. Cela vaut pour vous, mais aussi pour les vôtres, tous vos collaborateurs. Tous les membres de cette organisation doivent maintenant se sentir impliqués. C’est là votre mandat. Vous serez d’ailleurs formellement évalué sur votre capacité à réussir ce processus de délégation et j’escompte aussi que vous évaluerez vos collaborateurs sur cet aspect central de leur travail.» M. Tremblay n’avait donc pas le choix. Il devait engager ses collaborateurs sur le chemin de la délégation et il devait s’assurer qu’à leur tour, ils conduisent leur équipe sur ce difficile chemin. Il espérait que ce processus ne minerait