Explication : candide '( l'autodafé)
Situation du passage : C. , au moment où il arrive à Lisbonne en compagnie de P., a vécu des péripéties pénibles ( enrôlement contre son gré , guerre , tempête, tremblement de terre – événement bien réel lui, survenu en 1755 , ) qui ont sérieusement ébranlé le mythe de l’optimisme ( « tout est pour le mieux… » ) ; l’épisode de l’autodafé ( sens actuel : crémation de livres ; au 18e s. : exécution par le feu des hérétiques) donne à V. l’occasion d’apporter un argument supplémentaire contre la philo. de Leibnitz et de s’élever , comme dans d’autres ouvrages , contre l’intolérance et la violence liées au fanatisme religieux .
Le titre ( « Comment on fit un bel autodafé…. » ) suffit déjà à résumer l’absurdité de la situation : la prétention de prévenir un phénomène géologique naturel par un sacrifice humain comme ceux ayant cours dans des tribus primitives . Un trait de l’ ironie voltairienne : « un bel autodafé » ( associer un terme laudateur , « bel » à l’effroyable barbarie de l’autodafé )
Le début du texte qui paraphrase le titre précédent ne met pas directement en cause l’institution visée par la satire : l ‘Inquisition ( tribunal ecclésiastique émanant de la papauté qui avait eu depuis le Moyen – Age à combattre l’hérésie - interprétations ou pratiques jugées erronées , donc dangereuses et condamnables , de la religion catholique- et qui agissait en enquêtant d’abord ‘ en arrêtant ( tortures ) et en jugeant ensuite , en condamnant enfin , souvent à la peine de mort .) L’auteur préfère une expression volontairement vague , ici , d’une ironie cinglante « les sages du pays » ; l’effet est renforcé par une phrase redondante ( « l’université de Coïmbre » précise de quels sages il s’agit ! ) où l’indignation de l’auteur s’exprime en une formule dont le réalisme terrible est estompé par un ton faussement détaché , quasi désinvolte : « le spectacle de quelques personnes brûlées à petit feu » Le fanatisme aveugle à l’origine de cette décision