Etude du personnage: roméo
A - La pesanteur et l'ennui.
Albrecht Dürer (1471-1528) a gravé L'Ange de la Mélancolie. Au début du XVII s., Robert Burton établit, à partir de la théorie des humeurs, des profils psychologiques types en rapport avec la physiologie. La mélancolie c'est l'humeur noire, le désespoir. Roméo avoue "je suis d'humeur sombre "(I, 4) et Benvolio prétend que "le noir lui va bien" (II, 1). Au premier acte, R est en proie à l'ennui. En outre, il est accablé d'une sensation de pesanteur. Sa vision du monde est traversée par l'oxymore baroque : "ô pesante légèreté " (I,1). Reprenant une métaphore alchimique, il se dépeint avec "un coeur de plomb" (I,4), comme s'il attendait quelque transmutation. Le champ lexical de la gravité - "mes propres peines pèsent sur un coeur déjà lourd " - l'attache définitivement à la terre.
B - Le malaise existentiel.
Ce mal - être semble en corrélation avec le question de l'identité : "Je ne sais pas comment te dire qui je suis" (II, 1). Avant de rencontrer J, R vit une expérience de dédoublement, comme s'il n'était plus lui-même : " ce n'est pas R, il est allé ailleurs " (I,1). D'après la nourrice, J associe le nom de R au romarin, plante du souvenir qui sera déposée sur sa dépouille. Elle contribue à détacher son amant de ses origines. Elle rejeté le nom de la famille ennemie : " Qu'est ce qu'un Montaigu ?" (II, 1) puis remet en cause son prénom : " de même R, s'il n'était R". Le héros renie le lignage paternel et consent à devenir un nom commun " amour". Il irait jusqu'à bannir du monde son identité : " Et s'il était écrit, je le déchirerais". Après le meurtre de Tybalt, son nom devient objet de haine " [...] Dis moi / en quel misérable endroit de mon corps / Loge mon nom ? "( III,3).
II - La passion.
A - L'amant éconduit.
Bandello greffe sur le mythe des amants les amours antérieures de R. Cette pré - histoire illustre le thème du baroque du changement. Si la soudaine métamorphose est raillée par Frère L, J