Effroyable jardin
"AUSSI LOIN QUE JE PUISSE RETOURNER..." à "IL MOURAIT SURTOUT D'AMOUR", pages 10-12.
1. La "névrose" de l'enfant Le premier § semble nous emmener vers un récit d'enfance traditionnel, comparable à ceux de Simone de Beauvoir, Proust, Cohen... Toute petite enfance, indiquée de manière très concrète "aux époques où je passais encore debout sous les tables". Puis paradoxe : un enfant qui n'aime pas les clowns, et exprime ce rejet de manière particulièrement violent : phrase nominale, rythme ternaire descendant qui "mime" son état d'esprit : "Des désirs de larmes et de déchirants désespoirs" (noter l'allitération en [dé]) : la réaction immédiate, paroxystique ; "de cuisantes douleurs" : le sentiment est analysé, nommé ; "Des hontes de paria" : explication, et première occurrence du sentiment dominant : la honte. Le deuxième § exprime de manière lyrique son horreur des augustes (clowns tristes à la figure blême) ; cela commence par une énumération de souvenirs d'enfance, hétéroclite, un peu à la manière de Cohen. "L'exact du sentiment" : adjectif substantivé qui produit un effet d'insolite (on devrait dire "le sentiment exact" ou "l'exactitude du sentiment". Cela souligne également l'ironie du personnage envers lui-même : vertueux effroi d'un puceau, suée d'une rosière... Puceau et rosière sont des jeunes gens peu avertis, et donc ridicules. On notera le mélange des niveaux de langue : "cramoisir, ityphallique" appartiennent au langage savant, "pipi-caca" au langage enfantin. Cela indique une superposition des points de vue, de l'adulte cultivé et de l'enfant. Noter le nouveau rythme descendant : cadence mineure, toujours significative en français : "à cramoisir, à bégayer, à faire pipi-caca. A devenir sourd, fou, mort" : la longueur des segments va en diminuant jusqu'à "fou", puis se relance avec "à mort". Le troisième § introduit de nouveaux personnages : les copains de classe,