Comore
Sur une place, dans une petite ville de province, deux amis, Jean et Bérenger, ont rendez-vous. Le premier reproche à l'autre son " triste état " physique et moral. II tente de le ramener sur le chemin du devoir et de la dignité. Entre-temps, " le Vieux Monsieur " et " le Logicien " sont venus s'asseoir près d'eux pour discuter du " syllogisme ", puis sont sortis... Le passage d'un rhinocéros interrompt ensuite la conversation des deux amis et provoque la stupeur générale. L'incident est clos. Jean reproche de nouveau à Bérenger son ivrognerie.
BÉRENGER.
Je n'aime pas tellement l'alcool. Et pourtant si je ne bois pas, ça ne va pas. C'est comme si j'avais peur, alors je bois pour ne plus avoir peur.
JEAN.
Peur de quoi ?
BÉRENGER.
Je ne sais pas trop Des angoisses difficiles à définir le me sens mai à l'aise dans l'existence, parmi les gens, alors je prends un verre. Cela me calme, cela me détend, j'oublie.
JEAN.
Vous vous oubliez !
BÉRENGER.
Je suis fatigué, depuis des années fatigué J'ai du mal à porter le poids de mon propre corps…
JEAN.
C'est de la neurasthénie alcoolique, la mélancolie du buveur de vin...
BÉRENGER, continuant.
Je sens à chaque instant mon corps, comme s'il était de plomb, ou comme si je portais un autre homme sur mon dos je ne me suis pas habitué à moi-même. Je ne sais pas si je suis moi. Dès que je bois un peu, le fardeau disparaît, et je me reconnais, je deviens moi.
JEAN.
Des élucubrations ! Bérenger, regardez-moi. Je pèse plus que vous. Pourtant, je me sens léger, léger, léger (II bouge ses bras comme s'il allait s'envoler. Le Vieux Monsieur et le Logicien qui sont de nouveau entrés sur le plateau ont fait quelques pas sur la scène en devisant. Juste à ce moment, ils passent à côté de jean et de Bérenger. Un bras de jean heurte très fort le Vieux Monsieur qui bascule dans les bras du Logicien.)
LE LOGICIEN, continuant la discussion.