La cité radieuse (Acte I) dans Tueur Sans Gages d'Ionesco
Mais dépossédé de lui par sa joie, il ne remarque pas la froideur de son interlocuteur, qui s'efforce constamment de tout ramener à ses justes proportions, et de montrer la technique, là où Bérenger voit le miracle. Bien plus, il finit par lui présenter cette cité comme un mirage, sans pour autant l'inquiéter. L’architecte lui explique toute l’origine de cette cité dont Bérenger est émerveillé :
"- L'Architecte : (donnant des renseignements compétents) Rien d'extraordinaire, je vous dis, c'est de la tech-ni-que. Tâchez donc de comprendre. Vous auriez dû suivre une école pour adultes. Ici, c'est tout simplement un ilôt... avec des ventilateurs cachés que j'ai pris pour modèles dans ces oasis qui se trouvent un peu partout dans les déserts [...].
- Bérenger : Ah, oui... C'est exact. Vous parlez de ces cités que l'on appelle aussi mirages [...]. Les mirages... il n'y a rien de plus réel. Les fleurs de feu, les arbres de flamme, les étangs de lumière, il n'y a que cela de vrai, au fond. J'en suis bien convaincu".
Bérenger croit d'autant plus au mirage, qu'il en trouve ici une réalisation concrète, dans la pierre, alors que lui ne parvenait jamais à le faire sortir du domaine de l'irréel :
"- Bérenger : Chez vous ce n'est pas le produit irréel d'une imagination exaltée. Ce sont de vraies maisons, des pierres, de la brique, du ciment (touchant