Bergson, la conscience et la vie
Tel est le problème que résout Bergson dans cet extrait de La conscience et la vie. Le philosophe veut montrer que la conscience peut être attribuée à tous les vivants, bref, qu’elle appartient à la vie. Pour cela il analyse la conscience en nous pour montrer comment il est possible qu’un vivant qui semble plutôt inerte peut être réputé doué d’une conscience endormie ou potentielle.
Or, la conscience n’est-elle pas plutôt la vigilance même ? Dès lors, ne doit-on pas restreindre à l’homme, voire à l’homme libre, la conscience ? On s’interrogera d’abord sur la thèse générale de Bergson selon laquelle conscience et vie sont intimement mêlées. On examinera ensuite la preuve de l’endormissement de la conscience en nous. Enfin, on déterminera dans quelle mesure la conscience peut se définir par la liberté.
La thèse de Bergson n’est pas affirmée, elle est simplement donnée comme vraisemblable. Pourquoi ? D’abord, comme l’auteur affirme que tout ce qui vit est conscient, la prudence paraît de rigueur. En effet, attribuer une conscience à l’homme paraît plausible dans la mesure où les autres hommes se comportent comme moi. L’attribuer aux bêtes au sens du xviii° siècle paraît difficile, surtout celle dont le comportement est le plus stéréotypé. C’est plutôt par l’instinct, c’est-à-dire à un comportement inné, spécifique et automatique qu’on a tendance à expliquer leurs actes. L’attribuer à tous les vivants paraît donc au contraire assez invraisemblable. La conscience du chêne ne paraît pas évidente.
Le deuxième aspect de la thèse est que la conscience appartient à la vie dès l’origine. Or, dans une perspective évolutionniste, cela voudrait dire que les premiers êtres vivants, vraisemblablement des êtres unicellulaires, auraient été doués de conscience. Il est clair que la conscience ne laissant guère de