Allah n'est pas obligé.
Birahima est le narrateur d’Allah n’est pas obligé : enfant ivoirien âgé de dix ou douze ans, ce qu’il ne sait pas exactement : « Suis dix ou douze ans (il y a deux ans grand-mère disait huit et maman dix) »
C’est un enfant soldat (1) : l’enfant de la rue, sans peur ni reproche : the small-soldier, qui vient de laisser tomber sa « kalach », fidèle compagne d’infortune, pour prendre la plume de manière à ce que ce soit la vision du small soldier qui prédomine, et non pas celle d’un fin lettré perverti par une morale condescendante, Kourouma. Il s’exprime dans un français « malinké », opérant lui-même de recherches dans les dictionnaires : Le Petit Robert, l’Inventaire des particularités lexicales du français en Afrique Noire ou le Harrap’s.
Cette langue française modifiée, transformée, permet de mieux coller aux réalités africaines et d’approcher, au travers des constructions ou expressions particulières, la mentalité africaine, sa culture et ses valeurs.
Bien qu'il soit né en Guinée, Birahima est élevé dans la concession familiale des femmes de son père, quelque part au nord de Bouaké en Côte d'Ivoire. Là, il suit avec difficulté son cours primaire que, d’ailleurs, il ne termine pas, et, peu avant que sa mère ne décède d’un ulcère à la jambe, cette mère qui a vécu cul-de-jatte (2) pendant des années : «C’est elle-même ma mère, qui voulait marcher sur les fesses avec la jambe droite en l’air toute sa vie. », il se retrouve dans la rue, comme des milliers d'enfants d'Afrique.
Sur les routes de l'Afrique de l'Ouest, tantôt dans un camp, tantôt dans un autre, le NPFL, ULIMO, LPC, …, Birahima poursuit son chemin, sa kalachnikov à la main (3), guerroyant comme un grand (4). Enhardi par le haschich qu'on lui distribue avec générosité : «On nous a installés et on a servi du hash à profusion. Nous étions