l'homme est un animal rater
Si nous avons habituellement conscience de notre supériorité sur le monde animal, plus encore sur le monde végétal, et sur l’ensemble des êtres naturels, nous avons tendance à nous méprendre sur les raisons pour lesquelles nous sommes placés au sommet de la nature : nous en tirons facilement un orgueil qui nous rend paradoxalement la plus bête des espèces, et la plus dangereuse pour toutes.
C’est pourquoi il est bon d’avoir en tête cette vérité volontairement provoquante : l’homme est d’abord un animal raté. Dénué d’instinct comme d’aptitudes physiques, de défense ou d’attaque, performantes, il a la drôle d’idée de naître très prématuré et de mettre de longues décennies pour atteindre la maturité de l’adulte, et même il n’y parvient pas toujours. Il est ainsi le seul animal qui est capable, toutes conditions pourtant réunis pour qu’il la réussisse, de rater sa vie. C’est comme si la nature avait omis de le programmer, quand les autres animaux le sont par l’instinct. Mais ce n’est pas pour autant « erreur » de sa part, puisqu’à la place elle l’a doté d’une raison, capable d’apprendre, non pas seulement par imitation à l’identique quelques gestes simples, comme le font certains animaux (voir l’interview du scientifique Bernard Thierry p 28-29, et le texte de Pascal p 35), mais d’accumuler par la mémoire une multitude de savoirs théoriques complexes, par l’imagination d’inventer du nouveau. En le dotant d’un cerveau hors-norme : http://passeurdesciences.blog.lemonde.fr/2014/08/31/pourquoi-lenfance-des-humains-est-elle-si-longue/Si l’homme avait disposé de tout l’attirail des autres animaux, instincts, facultés physiques exceptionnelles, protection naturelle contre les rigueurs du temps et les coups, odorat surdéveloppé, … jamais il n’aurait utilisé ses facultés intellectuelles, qui auraient dégénérées au point de disparaître, le cerveau s’atrophiant avec le temps. C’est bien parce qu’il était démuni de tout qu’il n’a dû sa