L'incident du peigne
La chose fut prise au sérieux ; et elle méritait de l'être d'ailleurs ! Et il est vrai que la méchanceté, le mensonge, l'obstination sont des vices qu'il faut punir sévèrement mais faut-il qu'ils soient justifiés : or, bien malheureusement pour moi, ce ne fut pas Mlle Lambercier qui m'infligea cette punition. Pour cette tâche, on écrivit à mon oncle Bernard ; il vint. Mon pauvre cousin, qui vivait avec moi en pension, fût lui aussi puni pour une faute jugée de la même importance que la prétendue mienne ; et nous eûmes la même punition. Et quelle punition ! Elle fut terrible.
Malgré leur obstination à connaître la vérité, je n'avouai pas. Après plusieurs tentatives et après m'avoir littéralement défiguré, je restais sur mes positions. J'aurais pu mourir, il était hors de question que j'avoue une faute que je n'avais point commise.
La force de mon oncle ne fit pas le poids devant mon entêtement jugé de diabolique ; c'est ainsi que l'on nomma ma constance. Enfin je sorti de cette épreuve, dans un piteux état certes, mais j'avais triomphé.
Cette aventure date de près de cinquante ans maintenant mais si je devais refaire face à cette injustice, je n'aurais pas peur et je et défendrais une seconde fois de la même manière qu'à cette époque ; en d'autres mots, je nierais tout puisque je n'aurais absolument rien à me reprocher comme il y a cinquante ans. Et je peux le jurer devant Dieu, je n'ai jamais touché et encore moins cassé ce satané peigne, je n'ai jamais approché de cette plaque et n'y jamais songé d'ailleurs. A quoi peut-il bien servir que l'on me demande comment un tel incident put se produire : je l'ignore totalement et ne puis donc absolument pas le comprendre ; il n'y a qu'une chose que je peux affirmer, c'est que j'étais et suis toujours innocent!