L'hypothèse d'un pontife américain n'est plus tabouel'hypothèse d'un pontife américain n'est plus taboue
Avec ses 11 cardinaux, qui depuis début mars se déplacent, ensemble, dans un minibus, la délégation américaine au conclave est la plus importante, numériquement, après celle des Italiens (28 prélats). Lors du préconclave qui a duré six jours, ils auraient particulièrement marqué les esprits en insistant auprès de leurs confrères pour que des clarifications soient apportées aux divers scandales qui ont secoué l'Eglise catholique ces dernières années, qu'il s'agisse des affaires de moeurs ou de mauvaise gestion. Ils ont même tenté d'importer leur mode de communication dans l'univers secret de Rome, en organisant des conférences de presse quotidiennes. Une tentative de relative transparence, avortée au bout de deux jours après que leurs collègues se furent inquiétés que de possibles indiscrétions sur leurs débats se retrouvent dans la presse.
Cela n'a pas empêché deux d'entre eux, l'archevêque de New York, Timothy Dolan et celui de Boston Sean O'Malley d'être cités de manière persistante comme de possibles outsiders. L'hypothèse d'un pape américain était taboue, il y a peu encore. Non seulement parce que Rome se méfiait d'un pape venu de la "superpuissance" d'outre-Atlantique mais surtout parce que l'Eglise américaine secouée par des scandales de pédophilie sans précédent était loin de représenter un modèle à suivre.
Ces temps semblent révolus, au Vatican tout au moins. Aux Etats-Unis, en revanche, le dossier de la pédophilie demeure prégnant dans la vie de l'Eglise. Et le cas du cardinal Roger Mahony, présent au conclave, en est la parfaite illustration. La démission du pape Benoît XVI avait en effet suivi de près la publication, fin janvier, de 12 000 pages de dossiers confidentiels sur les prêtres pédophiles du diocèse de Los Angeles. Des révélations accablantes qui ont replacé ces scandales au coeur de l'actualité pour l'église catholique américaine - et le cardinal Roger Mahony qui, de 1985 à 2011,