À chaque numéro, la rédaction d’ Archistorm sollicite une personnalité de l’architecture pour commenter librement l’actualité.

« L’ORDINAIRE EXTRA »
C hr o niq ue d ’une r é f lex ion d’ un a r c hitecte pa r N ico l a s M ic he lin

Nicolas Michelin.

Silo, Champaign, États-Unis, photo et © Nicolas Michelin

Nicolas Michelin

ACTUS _ TRIBUNE

’architecture change, ou du moins, est obligée de changer. Les modifications dans la façon de concevoir les projets, qui inter viennent depuis quelques années déjà, s’accélèrent aujourd’hui. Trois facteurs sont à l’origine de cette nouvelle façon de faire de l’architecture. Le premier qui a tout transformé dans les agences est bien sûr l’informatique. Inu-

L

tile de revenir sur la révolution qu’elle a entraînée. Les logiciels toujours plus performants permettent réellement de travailler sur des objets très complexes, à la limite du faisable économiquement. Des images et des animations de plus en plus belles et réalistes ancrent dans la tête des maîtres d’ouvrage que désormais « tout est possible»… mais à quel prix ! Aussi faut-il

insister sur une conséquence insidieuse de cette révolution informatique, qui est le pouvoir absolu de l’image. Un pouvoir sans partage puisque aujourd’hui les décideurs souhaitent et sont en droit d’être séduits par l’image pour faire leur choix. Quelle qu’en soit l’authenticité, cette image séductrice est déterminante pour le maître d’ouvrage. Il serait intéressant de comparer a posteriori l’image affichée au concours avec celle du projet construit. Les écarts entre les promesses de qualité esthétique, de transparence, et la réalité seraient sans doute tels, que probablement on interdirait dorénavant toute perspective dans les concours. Le deuxième facteur, plus récent et plus crucial, est la prise en compte du développement durable. L’architecture doit impérativement se plier (on devrait plutôt dire s’adapter) aux exigences environnementales. Mais pour véritablement faire