L'europe et la crise en lybie
1821 mots
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Avec sa façade méditerranéenne bordant sur un millier de kilomètres la voie maritime entre Europe, Moyen-Orient et Asie, et étant l’un des principaux fournisseurs en pétrole et en gaz de l’Union (une consommation à raison de 85% des exportations pétrolières libyennes en 2010 et la quasi-totalité des exportations gazières), l’instabilité politique qui règne dans la région et les conséquences sécuritaires directes qu’elle entraîne, notamment l’immigration illégale qui s’ensuit, font de la Libye un enjeu stratégique essentiel pour l’Europe. La crise en Libye aurait d’ailleurs pu être l’occasion pour l’Europe, à travers l’Union Européenne, d’agir au premier plan sur la scène internationale en tant qu’acteur majeur à part entière des relations internationales. Elle avait tous les éléments pour : la résolution du Conseil de Sécurité 1973 autorisant l’usage de la force, condition la plus difficile à obtenir pour lancer une opération comme celle-ci ; un soutien régional important, la Ligue Arabe ayant clairement demandé l’intervention ; la certitude de la part des Etats-Unis qu’ils ne voudraient pas prendre le leadership de l’opération. L’Europe reste en cela fidèle à elle-même : « la norme sans la force » (Z. Laïdi). En quoi la crise en Libye marque-t-elle l’essoufflement de l’Europe de la défense ?
I) Une diplomatie en manque d’efficacité
A) Divisions et absence de réaction marquée
Le camp européen n’a pas su se mettre d’accord et adopter une position commune sur la Libye. La précipitation diplomatique avec laquelle l’opération en Libye s’est lancée peut expliquer cela : avec la reconnaissance unilatérale du Conseil National de transition, présidé par Moustapha Abdeljelil, l'ancien ministre de la Justice de Kadhafi, de la part du président N. Sarkozy, grand nombre de pays européens ont trouvé surprenant cet engagement soudain pour une révolte arabe (épisodes de MAM et regrets pour Hosni Moubarak) et précipité, voire démesuré au regard de la