L’argent comme moyen se fait si efficace qu’il devient le but même de l’existence humaine. En effet , dans une série téléologique normale , les moyens sont utilisés pour atteindre une certaine fin bien définie , mais celle-ci reste toujours hors de portée comme un horizon qui garde toujours la même distance par rapport à qui le voit ,ce que soutient Simmel en expliquant : « si l’on rassemble tout ceci,il semble que ce que nous nommons objectif final plane au-dessus des séries téléologiques,et qu’il est vis-à-vis d’elles comme l’horizon vis-à-vis des chemins terrestres :ils vont dans sa direction ,mais il demeure toujours aussi lointain devant eux après la marche la plus longue »(p.130) ; par la suite , chaque fin une fois qu’elle est atteinte devient elle-même un autre moyen qui amorce une nouvelle série téléologique avec une nouvelle fin ; «la conversion des fins en moyens se justifie par le fait qu’en dernière instance ,les fins aussi sont seulement des moyens »(p.131) affirme Simmel. Or, ce raisonnement s’inverse dans le cas de l’argent. En effet, en tant que moyen, l’argent se glisse pour devenir une finalité ; c'est-à-dire que l’argent qui est inventée par la communauté pour faciliter les échanges et servir les gens en tant que moyen se transforme pour devenir lui-même la fin ultime et donc recherché pour lui-même . ce double statut qu’ acquiert l’argent, celui d’être à la fois un simple moyen et la fin dernière, explique son statut et sa ressemblance à l’idée de Dieu , menant le raisonnement à son terme , le propre de Dieu est d’être l’harmonie de tous les contraires et les diversités , d’être à la fois le moyen et la fin absolus : « l’essence profonde de la pensée de Dieu est d’accéder à l’union de la diversité et des contradictions du monde »(p :133).Ainsi , du moment que chaque individu adore Dieu, l’argent par analogie, il entretient avec lui des rapports spécifiques qui apparaissent clairement dans la personnalité de la personne qui la possède. Cela