Film choral. Plusieurs narratives doivent s’entremêler. Le propos du film si je dois partir avec un propos, serait une critique acerbe, allez, de la domination suprême de la narrative sur le propos, justement. La narrative supprime le propos, haha. Alors forcément, il faut des personnages, et des histoires qui viennent se confronter, qui vont être caricaturales mais surtout, qui vont exploser. Elles doivent rencontrer l’absurde. C’est compliqué. Le but est de trouver des situations résolument absurdes et de les amener calmement, lentement, et de montrer comment l’histoire est responsable de ces situations. IL faut plusieurs niveaux. Le premier le plus évident, c’est un niveau sentimental. Une relation, banale, qui explose et qui s’absurdise complétement. Le second niveau est familial : une famille écrasée par le poids d’une éducation socialisante qui va peu à peu exploser, elle aussi, remarquant ces narratives déraillant complètement de leur logique. Le troisième niveau, est systémique voire métahistorique. C’est le plus compliqué mais le plus important. On entre dans une tentative de critique de la politique générale. On la fait par l’intermédiaire du même personnage. C’est pas un film choral, en fait. C’est le même personnage. Appelons-le Jean. Ce type est un gars sorti d’une prepa littéraire, puis de sciences-po et d’une école de journalisme. Il est engagé par des politiciens pour rédiger leurs discours. Il remarque peu à peu la déviance des discours et décide de s’engager en politique. Pendant ce temps, sa famille implose : son mariage approche de sa fin tandis que ses enfants semblent à la dérive et incontrôlables. Pendant ce temps, lui-même s’engouffre dans une crise de la cinquantaine qui le voit se révolter contre le système à la manière d’un Kevin Spacey désenchanté. AU contraire d’American Beauty toutefois, ce n’est pas une tragédie, il n’y a pas de catharsis, le tout se termine bien plus mal : tous rentrent dans le rang et retrouvent une narrative bien