Etudiant
Plus de 2000 ans après que Platon eut produit l'oeuvre monumentale qui est la sienne et qui constituera l'une des bases fondamentales de la civilisation occidentale,
Nietzsche se révolte : il se révolte contre Platon, contre la révolte initiale de Platon contre la Nature. Se proposant de renverser radicalement les principes profondément incrustés dans les bases de sa propre culture, Nietzsche bouleverse ce qui ne l'avait jamais été avant lui, il questionne ce qui avait toujours été pris pour donné, il anéantit chaque dogme, chaque « vérité », pour ensuite pouvoir reconstruire, construire. Il se pose ainsi en opposition presque totale avec Platon.
Cependant, malgré des conceptions du monde et une éthique presque systématiquement inversées, on constate chez eux une correspondance étonnante entre leur conception politique respective. En effet, tous deux anti-démocratiques, ils ne jurent que par l'aristocratie. Il ne fait toutefois aucun doute que deux penseurs aussi radicalement opposés ne peuvent que concevoir l'organisation politique d'une société d'une façon différente. Afin d'observer adéquatement leurs contradictions et leurs similitudes, il convient donc de questionner plus particulièrement la façon dont ils entrevoient l'aristocratie en se demandant qui, selon chacun, doit « diriger » (au sens d'être à la tête, mais aussi au sens d'être la tête, de guider, de conduire) la société.
C'est ici qu'interviennent les deux figures du Philosophe-Roi et du Philosophe-
Artiste. En regard de ces emblèmes, ainsi que des conceptions du monde des deux philosophes et des éthiques qui en découlent, nous poserons l'hypothèse selon laquelle l'aristocratie selon Nietzsche se définit symétriquement à ce qu'en conçoit Platon.
L'aristocratie garderait ainsi chez Platon et Nietzsche une structure pratiquement identique dont le meilleur (les dirigeants) et le pire (les bannis) seraient