Publié en 1959, Zazie dans le métro est un véritable succès de librairie écrit par Raymond Queneau (1903-1976), qui raconte les aventures incroyables d’une fillette délurée dans les rues de Paris, à la fin des années 50. Sous les apparences d’un roman traditionnel, Zazie dans le métro est néanmoins ancrée dans la période du Nouveau Roman, et par conséquent, déconstruit les codes du genre romanesque au moyen de la parodie et de l’humour. Un an après la parution du roman, en 1960, l’adaptation cinématographique par Louis Malle, confirme le succès de l’ouvrage. Ces trois scénaristes sont membres de la Nouvelle Vague, le mouvement du cinéma français de la fin des années 50, ils apportent une nouvelle jeunesse au cinéma français, grâce au progrès technique. A présent, nous allons chercher à montrer que le roman de Queneau et son adaptation cinématographique par Louis Malle, présentent une vision d’une époque précise. Tout d’abord, nous verrons que l’histoire pour le roman et l’action pour le film ont lieu au cœur d’une société française en pleine mutation, puisque nous sommes dans une période d’après-guerre, et ensuite, nous constaterons que cette société française tend à grands pas vers la modernité, aussi bien dans le roman que dans l’adaptation cinématographique.
I. L’ancrage du récit dans le contexte historique de l’Occupation et donc des années 50
A. Le réalisme du roman à travers des allusions à la période de la guerre
Réaliste, le roman l’est par l’image qu’il donne de cette petite bourgeoisie, sortie depuis peu de l’Occupation allemande. En effet, nous sommes dans la période d’après-guerre, et découvrons parfois certains détails du passé de nos personnages durant cette Occupation. * Gabriel et Turandot évoquent avec nostalgie l’Occupation au chapitre III, avec le zinc qui est « en bois depuis l’Occupation » (p. 34). * De même, Jeanne Lalochère et le forain laissent échapper un « Natürlich » (p.10 et 49), terme témoin de l’époque. *