Zazie dans le métro
(la pagination est celle de l’édition de 1959)
Genèse
La création de ‘’Zazie dans le métro’’ fut une sorte de «work in progress». Raymond Queneau commença à y travailler en 1944, car il nota dans son ‘’Journal’’, le 7 juin 1949 : «’’Zazie dans le métro’’, j'en ai écrit quelques pages, tout de suite après ‘’Loin de Rueil’’». Il ne s’y consacra d’ailleurs vraiment qu’à ce moment-là. On peut suivre les nombreuses fluctuations de l'orientation de la fiction, les étapes de sa conception dans les ‘’Parerga’’ (textes accessoires) du roman.
Il hésita sur l'âge que devait avoir son héroïne au moment de ses mémorables aventures : «quatorze, quinze ou seize», puis trancha : «treize ans». Mais rien, dans le roman, n'indique un âge précis.
Il nota en 1950 : «Zazie dans le métro / Commencer par la lettre A. Finir par la lettre Z.». On pourrait donc y voir une intention préoulipienne. On peut remarquer que le roman commence et finit à la gare d’Austerlitz, mot qui commence par A et finit par Z.
Il arrêta assez vite le point de départ du roman : l’héroïne, débarquant à Paris, déclarait : «Ce que jveux c’est faire du métro». Et elle y allait, la R.A.T.P. n’étant pas en grève, découvrait le ticket de métro et passait, empruntant «la voie sacrée» de «l’ébaubiement à l’éberluement», s’exclamant : «Que c’est chouette !».
Puis la conception se ralentit. Enfin, le 13 août 1953, il entama la rédaction du manuscrit à Bidart (Basses-Pyrénées) où il séjournait. Il se donna un plan de travail étalé sur six semaines, au rythme de six pages quotidiennes, et il dressa un de ces graphiques dont il était coutumier. Mais, dans les treize premiers chapitres de ce manuscrit, le métro n’était pas en grève, et Zazie l’empruntait à plusieurs reprises, seule, lors de sa fugue, ou en compagnie de Trouscaillon et de la veuve Mouaque. Gabriel s’appelait alors Boudinois, le perroquet tantôt Evergrine, tantôt Hervergrine (toujours vert) ! Il existait un personnage nommé Lisbeth,