Vassilissa la belle
Vassilissa marcha tout le soir. Vers le soir elle arriva dans une clairière.
Là se dressait une isba (1). Une barrière l’entourait, faite d’ossements humains. Des crânes humains surmontaient la barrière, la porte était faite de jambes humaines, les verrous de mains, le cadenas de dents pointues. Epouvantée,Vassilissa demeura immobile, comme figée sur place. Soudain, un cavalier arriva, tout noir, son cheval était noir et harnaché de noir. Il bondit jusqu’à la barrière et disparut, comme évanoui dans les airs. La nuit tomba. Alors, les orbites des crânes se mirent à luire et il fit clair comme en plein jour. Terrifiée, Vassilissa frissonna. Ses jambes ne la portaient plus, elle n’avait pas la force de quitter ces lieux horribles. Vassilissa sentit soudain la terre se mettre à trembler, puis à trembler encore. C’était Baba-Yaga (2) qui volait dans son mortier, agitant son pilon, effaçant ses traces avec son balai. Elle s’approcha de la porte et s’écria : - Snif, snif, je sens de la chair russe. Qui est là ?
Vassilissa s’approcha de Baba-Yaga, la salua bien bas, et timidement lui déclara : - Grand-mère, c’est moi. Les filles de ma marâtre m’ont envoyée chercher du feu chez toi. - C’est bien, répondit Baba-Yaga. Ta marâtre est ma parente. Eh bien, vis quelque temps chez moi, travaille pour moi, après on verra.
Puis elle s’écria d’une voix qui grondait comme le tonnerre : - Eh là ! Mes solides verrous, ouvrez-vous, ma large porte, écarte-toi !
La porte s’écarta, et Baba-Yaga entra, suivie de Vassilissa. Près de la porte il y avait un bouleau, qui voulut frapper de ses branches la petite Vassilissa : - Bouleau, mon bouleau, ne fouette pas Vassilissa ! C’est moi qui l’ai amenée, s’écria Baba-Yaga.
Près de la porte un chien était couché, il voulut mordre Vassilissa. - Ne la touche pas, c’est moi qui l’ai amenée !
Dans l’entrée un chat était couché, il voulut griffer Vassilissa. - Chat-ronron, ne