Univers
Le vaste monde: un grain de poussière dans l’espace. Toute la science des hommes: des mots. Les peuples, les bêtes et les fleurs des sept climats: des ombres. Le résultat de ta méditation perpétuelle: rien.
L’aurore a comblé de roses la coupe du ciel. Dans l’air de cristal s’égoutte le chant du dernier rossignol. L’odeur du vin est plus légère. Dire qu’en ce moment des insensés rêvent de gloire, d’honneurs ! Que ta chevelure est soyeuse, ma bien-aimée !
Une autre aurore ! Comme chaque matin, je découvre la splendeur du monde et je m’afflige de ne pouvoir remercier son créateur. Mais, tant de roses me consolent, tant de lèvres s’offrent aux miennes ! Laisse ton luth, ma bien-aimée, puisque les oiseaux se mettent à chanter.
Au milieu de la prairie verte, l’ombre de cet arbre ressemble à une île. Passant, reste où tu es, là-bas ! Entre la route que tu suis et cette ombre qui tourne lentement, il y a peut-être un abime infranchissable.
Luths, parfums et coupes, lèvres, chevelures et longs yeux, jouets que le Temps détruit, jouets ! Austérité, solitude et labeur, méditation, prière et renoncement, cendres que le Temps écrase, cendres !
(VIII)
« En ce monde, contente-toi d'avoir peu d'amis. Ne cherche pas à rendre durable la sympathie que tu peux éprouver pour quelqu'un. Avant de prendre la main d'un homme, demande-toi si elle ne te frappera pas, un jour. »
(CXX)
« Tu peux sonder la nuit qui nous entoure. Tu peux foncer sur cette nuit... Tu n'en sortiras pas. Adam et Ève, qu'il a dû être atroce, votre premier baiser, puisque vous nous avez créés désespérés ! »
Lucidité et scepticisme
(CXLI)
« Contente-toi de savoir que tout est mystère : la création du