une vie de boy
Décrivant son Cameroun natal à travers les yeux d’un jeune garçon, Toundi, Oyono signe une œuvre satirique (qui ne dit pas son nom) en se jouant de la perception infantilisante des Blancs vis-à-vis des Noirs.
Dans le quotidien de la vie coloniale
D’inspiration largement autobiographique, l’histoire du jeune Toundi débute par le départ du logement familial pour rejoindre la Mission catholique Saint-Pierre de Dangan. Comme pour mieux placer le lecteur dans le schéma habituel, cet incipit se construit autour de la fuite d’un monde brutal et sauvage, incarné par un père violent, vers un monde rassurant et civilisé (l’Eglise).
Mais au fil des pages, Oyono s’amuse à déconstruire cette vision sainte pour nous présenter un univers colonial oppressant (même si la vie y est décrite comme douce). Le père Gilbert qui l’accueille est visiblement un Homme bienveillant, généreux, que l’enfant admire et révère. Mais il perpétue les rapports inégalitaires et en fait son boy.
La mort du missionnaire et le départ vers la « Résidence », la ville des Blancs plongera définitivement le garçon, que l’on appelle Joseph depuis son passage chez les Catholiques, dans un rapport de soumission vis-à-vis de l’administration coloniale.
L’intérêt de ce roman réside justement dans cette description sincère d’un monde agréable mais inégalitaire, où les Noirs sont toujours perçus comme des êtres