Tourisme dans les favelas
Dans une ville où un tiers de la population vit dans des « comunidades », le développement d’un tourisme solidaire transforme des zones de non-droit en patrimoine culturel et touristique [pic]
Alors que le Brésil, fort de son développement économique, attire chaque jour plus de touristes venant du monde entier, un phénomène touristique particulier est en train de se développer à Rio de Janeiro : les favela tours. Il y a encore quelques années, les favelas représentaient tout ce que le Brésil voulait cacher au monde : pauvreté, trafic, drogues, armes… L’illustration la plus forte est sans doute le « mur du son », ces grilles édifiées le long de la route allant de l’aéroport international à la zone sud, et dont l’objectif officieux est de cacher l’énorme favela qui longe la route aux milliers de touristes arrivant chaque jour. Il ne faudrait pas que leur première vision du Brésil soit le Complexo do Alemão, principal bastion du trafic de cocaïne dans la métropole.
Aujourd’hui pourtant, ce phénomène est en train de s’inverser, au fur et à mesure que se développent les agences de tourisme qui offrent une immersion relativement complète dans ces zones de non-droit. Car ce qui était hier la honte des politiciens cariocas est en passe de devenir un vrai patrimoine culturel et touristique. D’où vient ce phénomène ? L’origine est multiple, comme souvent. Tout d’abord, elle vient directement de la favela où le repli sur soi des habitants a accouché d’une culture marginale extrêmement riche. Les favelas de Rio regorgent d’associations de quartiers et de centres culturels dont le dynamisme est surprenant. Nos do morro, petite troupe de théâtre de la favela du Vidigal, fait des festivals dans tout le pays. Un film vient par ailleurs de sortir en salles, composé de cinq court-métrages de réalisateurs vivant dans des communautés. L’usage même du terme « communauté » par ses habitants – les « favelados »