Les villes de Rio de Janeiro et de Recife présentent une configuration socio-spatiale dont la singularité tient essentiellement à l'étroite cohabitation entre les différentes classes sociales. Ce modèle d'organisation trouve ses racines dans les contraintes liées au relief, qui ont modelé l'urbanisation, mais également dans l’intense résistance des habitants des favelas qui leur ont permis de se maintenir sur leur lieu de vie.

En 2005, les 750 favelas répertoriées par l'IPP dans la ville de Rio de Janeiro, occupaient au total 43,2 km2 soit 3,5% de la surface de l'espace urbain (1 224 km2)40. Selon le recensement de 2000, elles réunissent plus d'un million d'habitants soit 18,7% de la population du municipe, et sont présentes dans l'ensemble des zones de la ville.

Toutefois, cette répartition est inégale (Tableau 1). La Zone Centre et la Zone Sud (AP1 et AP2), constituent les parties les plus anciennes et les plus nobles de la ville. Elles accueillent les sièges des administrations et des entreprises ainsi que les quartiers traditionnels des classes moyennes et hautes situés en bord de mer. C’est dans ces zones de la ville que l’on compte le moins de favelas, respectivement 63 et 52. On constate ici l'impact des politiques d'éradication, qui se sont principalement concentrées dans ces parties de la ville. Il n'empêche qu'aujourd'hui encore, la présence des favelas reste significative, notamment dans la Zone Centre où le pourcentage de personnes vivant dans les favelas est le plus élevé avec 28,6%. Dans ces zones, où l'espace libre est peu abondant, les favelas se sont logées sur les pentes des collines. Avec leurs maisons enchevêtrées les unes sur les autres dominant les quartiers riches tels que Copacabana ou Ipanema, elles constituent l'image emblématique de Rio de Janeiro au Brésil et dans le monde entier.

Carte 6 : Répartition des favelas dans la ville de Rio de Janeiro
Source : IPP; Observatório de Favelas, 2005. Traitement : Michaël Chétry, 2010