Tartuffe : Il est le moteur de l'action, même s’il apparaît tardivement, si, longtemps, on se demande qui il est, si, pendant les deux premiers actes, on nous parle de lui sans qu'on le voie, si, ensuite, il n'a aucun monologue où il livrerait le fond de son coeur. Dès qu'il paraît, on sait qu'il ment, incarne le pur comédien, le théâtre même. Il est une illustration de l’hypocrisie religieuse. Derrière des apparences d'un bon catholique qui va «chaque jour à l'église» (vers 283), fait des actes de charité (vers 855-856) ou bien se fait lui-même violence pour expier ses fautes (vers 853) se cache en fait un homme qui utilise la dévotion pour ses propres intérêts. La vraie foi décrite par Cléante est bien différente de celle que pratique l'imposteur. En effet, comment expliquer le fait qu'il soit «gros et gras, le teint frais et la bouche vermeille» (vers 234) alors qu'il se mortifie et prétend renoncer aux plaisirs de la vie? De même, ses actes de charité ne sont que paroles, les prisonniers qu'il devait aller voir à l'acte II scène 3 ont été préférés à Elmire. De plus, ses régulières apparitions à l'église sont bien trop bruyantes et démonstratives pour être vraies : il cherche en fait plus à attirer l'attention d'Orgon qu'à glorifier Dieu.
Il est l’hypocrite par excellence. L’hypocrisie, son défaut le plus important, a été remarqué par tous sauf Orgon et sa mère : «Tout son fait, croyez-moi, n'est qu'hypocrisie» (vers 70). C’est le vice qui consiste à feindre des sentiments ou une vertu qu'on n’a pas, définition qui colle parfaitement au personnage dont les discours sont en totale contradiction avec ses actes. Alors qu'il prétend s'intéresser le moins du monde à l'argent, il veut s'emparer de la fortune de son bienfaiteur. Bien qu'il pardonne à Damis de l'avoir, selon Orgon, calomnié, il se refuse à réconcilier le père et le fils. Tandis qu'il se choque du décolleté de Dorine (vers 861), il tente de séduire Elmire dans le dos d'Orgon. L'hypocrisie se manifeste