J'aime passionnellement les sonorités du silence. J'aime passionnellement les sonorités du silence et le dynamisme de cette quiétude profonde. J'aime le calme d'une grotte avec le son de ces perles de pluie enfouie dans sa roche et qui, une à une, s'échappe, au goutte à goutte, et ruisselle le long de la paroi, c'est quand, arrivé à son terme, quand elle fusionne avec le vide, dans leur course intrépide elle gagne en finesse de tel sorte à ce que leur chute, leur fin brutale, le son produit par leur union avec le sol, soit une multitude de raisonnances. Raisonnance sur la roche, raisonnance dans la grotte, raisonnance de l'esprit, calme, serein mais pourtant si remué, transcendé par le bruit du silence. J'aime la sérénité d'un lac, perdu dans les montagnes, un lac bien solitaire. Il semble mort, ou endormi qui sait ? Il semble triste ou penseur. On dirait qu'il pleure, en silence. Pourtant, son cri intérieur est si puissant, si profond, que malgré l'absence de son, chacun peut ressentir ce vacarme de l'esprit, ce chahut des mémoires, des souvenirs qui danse sur sa peau voluptueuse, les souvenirs qui s'estompe et qui sombre dans ses entrailles. J'aime ce mystère de l'eau. Quand bercé en son sein, la vie semble figée. J'aime être plongée dans la magie de cet univers aquatique, j'aime quand le son n'est plus que vibration, j'aime baigner dans son onde et écouter la symphonie du liquide. J'aime la pénombre du soir. Lorsque toutes les lumières s'éteignent et que la ville s'endort, j'aime ressentir ces respirations par milliers, par milliards dans mon cœur. J'aime le souffle du vent qui fait dresser mes poils et qui ferme mes yeux. J'inspire un grand coup, cet air frais qui s'engouffre en moi, et j'écoute attentivement, immobile dans le noir, les sonorités du silence.