Rimbaud, les ponts
Rimbaud, Les ponts
Ce poème en prose consiste en une description d’un paysage parsemé de ponts. Le poète y fait découvrir au lecteur un canal à plusieurs embranchements, qu’enjambent une série de passerelles. Celles –ci sont dépeintes selon le ressenti et la vision de l’instance narrative.
Ce poème sera d’abord explicité dans sa dimension visuelle. Celle-ci nous amènera à une hypothèse de lecture que viendra étayer l’analyse des références artistiques du récit.
Tout d’abord, on remarque l’aspect trouble et étrange des éléments décrits par l’énonciateur. En effet, la première phrase nous offre un rapprochement oxymorique de « gris » et de « cristal », opposant de cette façon une couleur terne, triste et opaque, à la lumière, la transparence et la pureté blanche du verre. De cette incompatibilité résulte une conception incertaine du ciel et de sa lumière paradoxale. Sémantiquement, ce flou est rejoint par le verbe « distinguer », impliquant l’inintelligibilité de la scène et « bizarre », qualifiant « dessin », dont l’analyse vaudra également le détour.
Ensuite, il convient de mettre en avant les différents regards dont fait écho le poème. Ainsi, on peut de premièrement montrer les illusions d’optiques que supposent quelques écarts langagiers. La métaphore de « légers », qui suppose une vision particulière des édifices auxquels cet adjectif se rapporte, connote une perception tronquée des ponts, réduisant ceux-ci à leur pure image tout en les vidant de leur substance. On retrouve également ceci dans la métonymie de « s’abaissent » et « s’amoindrissent », pour « s’éloignent », où l’effet visuel est ici pris pour la cause, l’éloignement d’un élément provocant sa réduction vers le point de fuite.
De plus, on assiste à la multiplication des perspectives. Lors de la description initiale, celle-ci est déjà visible dans les angles que forment les ponts. Ainsi, dès le départ, il y a une pluralité des points de vue, les ponts étant à la fois