Reflexion sur a toi pour toujours ta marie-lou
Tragédie aux répliques acerbes, qui crie la solitude, la misère, l’ignorance et la peur de l’inconnu, elle montre une société à la croisée des chemins. Entre l’apathie geignarde et la lucidité préludant à une prise en charge de son destin.
« On a souvent vu dans À toi, pour toujours, ta Marie-Lou une métaphore du Québec en voie de s’affranchir. » Pierre Cayouette, Le Devoir, 7 et 8 septembre 199
Chez Tremblay, le « joual » est associé à la fois à l’aliénation et à l’expression du désir de se libérer. Le monologue de Léopold est le plus parfait exemple de ce besoin d’exprimer sa détresse poussé à sa limite : « Hostie ! toute ta tabarnac de vie à faire la même tabarnac d’affaire en arrière de la même tabarnac de machine ! Toute ta vie ! » (l. 11-12) Ici le procédé de répétition contribue d’ailleurs à accentuer l’expression de la révolte.
Mais ce besoin de libération a-t-il d’autre issue que d’aller boire à la taverne (l. 29) ou d’espérer que « les enfants s’instruisent » et connaissent autre chose (l. 10-11) ?
Importance de l’œuvre de Michel Tremblay pour la population qui a pu s’identifier aux personnages de ses livres.
Tremblay ne cachera pas dans ses œuvres son regard sur la société québécoise qu'il considèrera comme une société ouvrière dominée par l'Église catholique et sa morale contraignante (À Toi pour Toujours, Ta Marie-Lou)
Michel Tremblay met souvent en scène, à travers ses personnages de théâtre, le misérabilisme qui caractérise la vie des citadins sous le régime obscurantiste de Duplessis. Or, l'action du monologue de Léopold, dans À toi pour toujours, ta Marie-Lou, se situe en 1961, période charnière entre la passivité et la Révolution tranquille.
Léopold représente bien cette période dans la mesure où, en digne victime de l'aliénation, il se résigne à