La jeune Christina entra dans le poulailler. Les ténèbres étaient omniprésentes autour d’elle, ainsi qu’une rance odeur de paille moisie. Les planches de bois ne laissaient filtrer que de pâles et épars faisceaux de lumières. Cette ambiance oppressante aurait fait détaler n’importe quelle poule, mais Christina était fougueuse et entêté. Elle devait connaître la véritable histoire !
Au fond du poulailler, l’extrémité incandescente d’un cigare brillait dans l’obscurité. La jeune volaille dandina dans sa direction. Une voix rocailleuse s’éleva soudain :
-« Que viens-tu faire ici ? »
La poule déglutit difficilement.
-« Vous êtes bien Jeff le chapon ? »
-« Qui le demande ? »
-« Je… Je m’appelle Christina, et je suis venue pour que tu me raconte ton histoire dont tout le monde parle ! »
Le silence emplie la salle. Soudain, le coq apparut dans le faible halo de lumière devant lui. Il était couvert de cicatrices. Sa crête se dressait en lambeau au-dessus d’un bec tordu auquel pendait son cigare. Son cou était déplumé. Ses ergots, cassés. Son regard même prouvait les terribles épreuves auxquelles il avait été confronté.
-« Es-tu prête à entendre le récit le plus terrifiant de ta vie ? »
Christina n’hésita pas.
-« Oui, je le veux. »
Le coq grimaça.
-« C’est au petit matin qu’ils sont venus. Ils nous ont tendu une embuscade. Nous nous sommes battus, comme des lions ! Ces fumiers ont eu Joe, puis Josh. J’ai été touché à l’aile. Ils nous ont emmenés, nous ont collés contre un mur, et ont froidement abattus nos camarades … » Une larme coula sur ses plumes « … Comme des animaux ! »
-« Mais comment as-tu fais pour t’en sortir ? Que t’on t’il fait ?! »
A ces mots d’une voix fière il s’élança « Moi ? Ce foutu fermier m’a attrapé, je me suis débattu de toutes mes forces mais je n’ai pas pu lutter, il fut trop fort. Je me retrouvât ligoté. » Le coq marqua un temps d’arrêt puis repris d’une voix digne d’un soprano : « on me castrat mes organes géniteur. »
Un long